« I cannot stand idly by, even though I happen to live in the United States and even though I happen to be an American Negro and not be concerned about what happens to the Jews in Soviet Russia. For what happens to them happens to me and you, and we must be concerned. »

« Je ne peux pas rester les bras croisés, même s’il se trouve que je vis aux États-Unis et même s’il se trouve que je suis un Noir américain, sans me préoccuper de ce qui arrive aux Juifs en Russie soviétique. Car ce qui leur arrive nous arrive, à vous et à moi, et nous devons nous en préoccuper. »

– Dr. Martin Luther King

BRUXELLES. 1971.

Une conférence internationale consacrée au sauvetage des Juifs d’URSS se tient en présence de personnalités du monde entier, un projet ambitieux fruit d’une longue bataille politique et idéologique débutée en 1952 à Tel-Aviv. En Israël, l’opinion publique a compris que les Juifs soviétiques étaient coupés de tout lien, non seulement avec le sionisme mais avec le judaïsme même et ce depuis les années 30. Les assassinats d’intellectuels et d’artistes juifs se succèdent, tout comme le démantèlement des structures communautaires : lieux de culte, écoles, bibliothèques …

À partir de l’émergence en Israël d’une structure secrète appelée Nativ, « voie » en hébreu, une intense activité de persuasion se déploie aux États-Unis auprès des communautés juives américaines afin de les sensibiliser au sort des Juifs soviétiques. La mobilisation s’intensifie grâce à l’organisation de conférences et de négociations politiques, principalement avec les États-Unis. Après la guerre des 6 jours, les Juifs d’URSS font un double constat : il existe un État juif capable de se défendre et la répression qu’ils subissent est inadmissible. Beaucoup d’entre eux expriment alors leur volonté de quitter l’URSS ce qui provoquera de nouvelles répressions de la part du régime soviétique.

En 1971, les conditions sont réunies pour qu’une conférence internationale soit organisée. Elle le sera sous le slogan « Let My People Go » et c’est Bruxelles qui l’accueillera, un choix qui s’explique notamment par l’investissement et les efforts déployés par David Susskind, diamantaire, sioniste, homme de gauche et personnalité appréciée du monde politique belge et israélien, qui va créer le Comité de Coordination des Organisations Juives de Belgique – CCOJB – afin, entre autres, d’organiser cette conférence. Avec le soutien de nombreux jeunes universitaires engagés par le CCOJB, des personnalités de premier plan répondent rapidement présent : David Ben Gourion, Otto Preminger, Menachem Begin, Eli Wiesel …

Dès lors, le sort des Juifs soviétiques et leur revendication de pouvoir quitter l’URSS ne peuvent plus être ignorés. Les manifestations se multiplient partout dans le monde et le soutien aux « Refuzniks », c’est-à-dire ceux à qui on refuse le droit d’émigrer, va bientôt compter parmi les combats de toute une génération de militant pour les droits humains.

C’est cette histoire que le présent site vous invite à redécouvrir.

« Nous, délégués de toutes les Communautés juives du monde réunis à cette Conférence, proclamons solennellement notre solidarité avec nos frères juifs d’Union Soviétique. Nous sommes avec eux, à l’unisson, dans leur lutte héroïque pour la sauvegarde de leur identité nationale et de leur droit inaliénable de revenir dans leur patrie historique, Israël. Nous dénonçons ici la politique du gouvernement soviétique visant à anéantir l’héritage culturel et religieux juif, en violation flagrante de la Constitution soviétique et de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme. »

Ainsi débutait la Déclaration de Bruxelles accompagnant la Première Conférence mondiale des Communautés juives pour les Juifs d’U.R.S.S. qui s’est déroulée les 23, 24 et 25 février 1971, une conférence internationale consacrée au sauvetage des Juifs d’URSS auxquels le gouvernement soviétique empêchait tout à la fois l’émigration et les pratiques culturelles et religieuses. Cet événement a été abondamment documenté par la revue Regards dans son numéro 55 datant de mars 1971 dont vous pouvez consulter une version numérique en cliquant ici. Vous y trouverez le programme détaillé de la conférence ainsi que plusieurs interviews et articles, bref, un document indispensable pour accompagner votre voyage sur ce site.

Mais si l’organisation de cette conférence doit beaucoup à la volonté d’acteurs de la communauté juive de Belgique (particulièrement à celle de David Susskind), l’événement est aussi l’aboutissement d’un travail politique international de longue haleine, débuté aux États-Unis au début des années 50.

C’est sur ces différents aspects et acteurs que reviennent les articles de Pauline Peretz, Nehemiah Levanon, Colin Shindler et Pol Mathil, reproduits – et parfois traduits – sur ce site, accessibles via l’onglet CONTEXTE du menu (ou en cliquant ici), qui vous permettront d’avoir une vue d’ensemble sur les événements ayant menés à la Conférence de Bruxelles, sur son déroulement, ainsi que sur les conséquences de celles-ci.

   

Parmi les très nombreux participants à cette Première Conférence mondiale des Communautés juives pour les Juifs d’U.R.S.S. venus du monde entier (dont vous pouvez la liste complète en cliquant ici), beaucoup montèrent à la tribune, parfois pour quelques mots, parfois pour plusieurs minutes.

Ces interventions, tantôt saluées, tantôt bousculées, furent consignées sur bandes audio, bandes qu’IMAJ s’est procuré et fait numériser afin de vous offrir ces enregistrements, classés, traduits et retranscrits, sur le présent site via l’onglet CONFÉRENCE du menu (ou en cliquant ici). Ces documents sont proprement exceptionnels et nous sommes très fiers de vous les proposer ici. Veuillez toutefois noter que tous les discours ne sont pas (encore) présents sur le site, parfois pour des raisons techniques, face à un enregistrement dégradé par exemple, parfois pour des raisons de temps et de traitement de ces informations qui seront complétées à l’avenir.

En l’état, une vingtaine de discours sont d’ores et déjà disponibles et la liste est vouée à s’allonger.

Le présent site propose dans son onglet MÉDIAS (accessible en cliquant ici) de nombreux extraits vidéos, photos et images d’archives, des documents précieux pour qui souhaite mieux ressentir l’atmosphère à la fois de la conférence elle-même et des mouvements qui l’ont accompagné. De ce point de vue, les archives de la Sonuma nous sont d’une aide précieuse, tout comme les témoignages filmés de David Susskind et Mara Bobrushkin.